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Semaine de prière pour l'unité des chrétiens

 

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu… et ton prochain comme toi-même » (Lc 10,27)
Les chrétiens sont appelés à agir comme le Christ en aimant comme le Bon Samaritain, en montrant de la compassion pour ceux qui sont dans le besoin, quelle que soit leur identité religieuse, ethnique ou sociale. Ce qui doit nous inciter à venir en aide aux autres, ce n’est pas l’identité commune, mais l’amour de notre «prochain». Toute fois c’est en commençant par apprendre à s’aimer les uns les autres, au-delà de leurs différences, que les chrétiens pourront devenir les « prochains » de tous, comme le Samaritain de l’Évangile.
Le mercredi 17 janvier à 19h nous vivrons un moment de prière avec nos frères protestants de la rue Erlanger, prière oecuménique au temple (53 rue Erlanger) suivie d’un verre de l’amitié. Vous trouverez ci-dessous la prédication des protestant.

 

Auteuil - 17 janvier 2024 
Semaine de prière pour l’unité des chrétiens
 
 
Voici venu le moment de l’homélie, que nous, protestants, appelons prédication. C’est pour nous le moment central et constitutif de nos offices.
En principe, c’est le pasteur qui prêche, mais notre pasteur est actuellement souffrant, depuis plusieurs mois, et, en tant que prédicateur laïque, c’est moi qui le remplace.
C’est donc la semaine de prière pour l’unité des chrétiens qui nous réunit ce soir. Cette semaine de prière a plus de cinquante ans puisqu’elle a été instituée en 1968.
Le premier pape priant avec un non catholique est Paul VI, avec un prêtre orthodoxe, peu de temps avant, en 1964.
Alors certes, depuis deux siècles, il y a eu des initiatives locales pour l’unité des chrétiens, mais son officialisation est récente, puisque pour la plupart d’entre nous elle n’existait pas quand nous sommes nés.
Avant de vous exprimer ma joie de nous voir ce soir réunis en Christ, réunis non pas en tant que catholiques ou protestants mais réunis en tant que chrétiens, une joie, j’en suis convaincu, partagée par Notre Seigneur Jésus-Christ, qui a dit, vous le savez, quand deux ou trois sont réunis en mon nom je suis au milieu d’eux, avant de vous exprimer cette joie du Christ et en Christ je voudrais revenir sur les guerres de religion.
Des protestants ont tué des catholiques au nom de leur foi.
Des catholiques ont tué des protestants au nom de leur foi.
N’avaient-ils donc pas lu l’Evangile ? Jean 13, verset 35 : « à ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres ».
De l’amour, pas de la guerre !
Ainsi, des centaines de milliers sont morts, en France des guerres de religion. Ils sont morts pour quoi ? Pour rien. Ils sont morts pour rien puisqu’en ce mois de janvier catholiques et protestants s’unissent dans la prière, catholiques et protestants s’unissent dans la fraternité, dans la joie du Christ, dans l’amour du Christ, pendant toute une semaine, mais, en vérité, cette union ne perdure-t-elle pas pendant un an ?
Quand j’avais une vingtaine d’années, au début des années 80, un de mes amis, un athée, part en Irlande, en plein conflit entre protestants et catholiques. Dès son arrivée on lui demande : « es-tu protestant ou catholique ? ». Il répond : « je ne crois pas en Dieu. Je suis athée ! ». Alors on lui a demandé : « athée catholique ou athée protestant ? »
Voyez Frères et Sœurs comme cette histoire est porteuse de vérité : il n’y a pas de guerres de religion. Il n’y a que des guerres politiques. Des guerres de pouvoir sans gagnants, mais toujours avec le même perdant : nous, le peuple de Dieu.
Protestants et catholiques ont chacun leur sensibilité. Rien ne s’oppose à ce que les uns respectent la sensibilité des autres. Nous tous ici rassemblés en sommes la preuve vivante. Reconnaissons que nous sommes moins stupides que nos ainés.
Alors unité des chrétiens désormais, et bientôt je l’espère, unité des croyants.
Quand Notre-Dame a brûlé, le Grand Rabbin de France est intervenu sur une radio. Il a dit à peu près ceci : « Notre Dame de Paris n’est pas qu’une cathédrale catholique, c’est aussi la maison de tous les croyants, car c’est la maison de Dieu ! ».
Alors ce Grand Rabbin de France je l’ai rencontré lors d’un mariage et je l’ai remercié pour cette déclaration. Il m’a répondu : « la maison de Dieu, c’est dans la Bible ! Dans Esaïe »
Effectivement il est écrit dans Esaïe 56 : « et les étrangers qui s'attacheront à l'Éternel pour le servir, pour aimer le nom de l'Éternel, pour être ses serviteurs, (…) Je les amènerai sur ma montagne sainte, et je les réjouirai dans ma maison de prière; (…)Car ma maison sera appelée une maison de prière pour tous les peuples. »
Notre Dame est la maison de Dieu, Notre Dame est une maison de prière, Notre Dame est la maison des croyants. Ainsi, tout lieu de culte est la maison des croyants.
Juifs, musulmans, chrétiens nous avons le même Dieu. Je sais, tout le monde n’est pas d’accord avec ça. Mais Notre Seigneur Jésus-Christ est l’un des plus grands prophètes de l’Islam ! Et si le Jésus-Christ du coran est le même que le Nôtre, alors nous croyons dans le même Dieu. Et si nous croyons dans le même Dieu, alors rien ne s’oppose qu’en tout lieu nous puissions prier ensemble.
Mais venons-en à l’essentiel, venons-en à la Bible car le temps m’est compté : on m’a dit dix minutes, je ne ferai donc pas comme l’un des fondateurs du protestantisme, Jean Calvin, dont les sermons duraient une heure ! Et il avait un sablier sur son pupitre pour ne pas dépasser !
L’essentiel pour nous protestants, dans nos offices, c’est la Parole, c’est la Bible. Sola scriptura ! Seule l’Ecriture compte ! Ce que dit le pasteur s’efface devant l’Ecriture, ce que dit la présidente des Eglises luthériennes et réformées s’efface devant l’Ecriture, et ce que je vous dis s’efface devant l’Ecriture !
Cette bible est là, symboliquement, ouverte entre vous et moi, pour bien montrer que c’est elle qui prévaut devant toute exégèse.
Ainsi, nous venons de lire des versets du chapitre 10 dans l’évangile de Luc, versets résumés par les animateurs de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens en une seule phrase : tu aimeras le seigneur ton dieu, et ton prochain comme toi-même.
Aimer Dieu.
Aimer son prochain
S’aimer soi-même.
Tout l’Evangile, toutes les Evangiles, je crois, sont résumées là dans cette seule phrase.
D’abord, aimer Dieu. Comment aimer Dieu ? Faut-il le craindre ?
Le musulman prie face contre terre pour ne plus avoir de visage, car il est dans la crainte de Dieu. Le juif estime que si un malheur apparait c’est le signe du mécontentement de Dieu, qu’il n’a pas assez craint.
Ma conviction, personnelle, est que l’on ne peut et craindre, et aimer. Il nous faut choisir.
Il y a des personnes et des choses que je crains : je ne les aime pas. Et celles que j’aime, je ne les crains pas.
Dieu est un dieu d’amour, un dieu « qui ne se lasse pas de pardonner », comme dit Esaïe. Alors je l’aime pleinement, sans le craindre.
Quant à sa création, la création de Dieu, on la dit parfois imparfaite : mais derrière tout ce chaos, derrière toutes ces souffrances le plan de Dieu est bien là ! Et, parce que Dieu est tout puissant, son plan ne peut-il pas n’être que parfait ? Nous voyons les imperfections, nous ne voyons pas la perfection derrière elles.
Alors aimons la création de Dieu comme nous l’aimons Lui : un amour en confiance, un amour inconditionnel, un véritable amour sans crainte.
Aimer Dieu, donc, et, aussi, aimer son prochain. 
Oh que c’est difficile ! Oh que c’est difficile d’aimer ceux qui nous sont désagréables ! Et même nos ennemis ! Jésus nous demande les aimer !
Et juste après avoir demandé d’aimer ses ennemis, Jésus a dit cette phrase lumineuse : « Si vous n’aimez que ceux qui vous aiment, que faites-vous là d’extraordinaire ? Les païens en font tout autant. »
Einstein, oui Albert Einstein considère que cette séparation d’avec ceux qui ne nous aiment pas est une prison ! Et il ajoute : « votre tâche est de vous libérer par vous-même de cette prison en élargissant votre cercle de compassion, jusqu'à y inclure toutes les créatures vivantes et la nature entière dans toute sa beauté. »
Jésus, Einstein, même vision.
Aimer Dieu, aimer son prochain, et l’aimer, nous dit Jésus, comme soi-même. « Os » en grec signifiant aussi « de même que », on pourrait également traduire ainsi : « aime ton prochain de même que toi-même », ce qui donne une nuance un peu différente.
Mais ça aussi, c’est difficile, de s’aimer soi-même tant le péché nous revient, si souvent, péché qui nous culpabilise.
Et il y a là je crois grand danger : si nous ne nous aimons pas nous-mêmes, ce déficit d’amour nous irons le chercher chez les autres, leur donnant un inacceptable pouvoir sur nous. Or nous avons été appelés par Jésus-Christ à être libres.
Pourquoi s’aimer soi ? 
Parce que Frères et sœurs vous êtes la Lumière du monde ! C’est Jésus qui le dit dans Matthieu 5 verset 14. Et parce que parfois le Saint Esprit nous visite. Et il y a aussi notre âme, si aimable…
Notre Lumière, le Saint Esprit, notre âme : que pouvons-nous faire de tout cela ?
Nous avons je crois trois temples à bâtir. Il y a le temple cosmique, qui est le temple de la création toute entière. Et nous participons à l’évolution de cette création divine !
Il y a aussi ce temple 53 rue Erlanger, qui nous accueille ce soir, ou Saint François de Molitor, ou sainte Jeanne de Chantal : c’est pareil.
Et puis il y a ce troisième temple à bâtir : c’est notre temple intérieur.
Le temple de notre cœur.
C’est ici nous pouvons mettre notre lumière, la lumière du monde. 
C’est ici nous accueillerons le Saint Esprit.
Et ici se trouve le siège de notre âme.
Et ce temple de notre cœur, c’est le temple de Dieu. Et si ce temple c’est le temple de Dieu, c’est le temple de tous, de nous tous. 
Et si ce temple c’est le temple de Dieu alors oui, ce temple, je dois l’aimer.
***
Aimer Dieu, et aimer son prochain comme soi-même nous le ferons.
Nous le ferons parce que c’est la volonté de Dieu.
Nous le ferons parce que 2000 ans après Jésus-Christ nous le demande, aujourd’hui.
Et nous le ferons… parce que je sais que ça nous rend heureux.
Amen

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